mercredi 13 juin 2012

Sujets de division chez les servetistes


On croyait en avoir terminé avec les secrets entourant la vie de Michel Servet.

La petite ville de Tudela en Navarre avait cédé la place à la très aragonnaise Villanueva de Sijena en tant que ville natale de Servet et la parole qu'il donna lors de son procès concernant ses origines, « chrétien de vieille race » (il entendait par là « espagnol de souche et catholique »), semblait l'absolue vérité.

Mais il y a du nouveau.

Il y a quelques mois Monsieur Francisco Javier González Echeverría a ouvert son propre site d'étude sur la vie du médecin et humaniste espagnol (voir liste des « liens à propos de Servet et Castellion » à droite), un site très documenté.

Monsieur González Echeverría y explique lui-même avoir été exclu en 2005 de l'institut d'étude Sijenenses, également appelé en français « Institut d'étude Michel Servet », situé à Villanueva de Sijena, pour avoir soutenu que Servet serait né non en Aragon mais en Navarre.

Le doute a toujours plané sur ses origines attendu qu'il affirma lors de son procès à Vienne (France) être né à Tudela et plus tard à Villanueva lors de son second procès à Genève.

Il faut dire que l'enjeu est de taille car si la thèse que soutient Monsieur González Echeverría faisant naître Servet à Tudela se révélait supérieure aux conclusions jusque-là retenues, c'est à la fois et la légitimité de la position géographique de l'institut et la crédibilité de l'ensemble des travaux de ce centre qui est mise à mal.

Et Monsieur González Echeverría n'est pas un loup solitaire, il a de sérieux soutient en Europe et aux États-Unis dans les milieux intellectuels.

Dans un passé récent de très brillants servetistes tel l'historien unitarien Earl Morse Wilbur, traducteur des oeuvres de Servet, préféraient retenir Tudela comme lieu de naissance.

Mais il y a plus... l'origine familiale et religieuse de l'homme.

Que Servet ait joué sur les mots concernant son lieu de naissance n'a rien d'étonnant.

Et qu'il ait passé sous silence un aspect important de ses origines religieuses et familiales
ou qu'il ait simplement arrangé la vérité le serait encore moins.

Notre homme a vécu caché par crainte de l'inquisition sous le non de Michel de Villeneuve, identité qui, tout en n'étant pas totalement fausse, n'était pas la sienne réelle.

On le surprend également en flagrant délit de nicodémisme, mot faisant référence au pharisien Nicodème qui, selon l'évangile de Jean (3:1-15), visitait Jésus de nuit et en cachette par peur des siens.

Ainsi Servet à partir de 1551 et durant ses douze années passés à Vienne fut l'ami et le
médecin personnel de l'archevêque Pierre Palmier.

Il sacrifiera à toutes les obligations d'un bon catholique, il sera nommé prieur de la confrérie Saint-Luc, il fréquentera les salons de l'église locale et ce en dépit du fait qu'il soit passé officieusement à la réforme depuis 1530.

Alors qu'aurait pu empêcher Servet d’exagérer en présentant les membres de sa famille comme étant des « chrétiens de vieille race » ?

Et c'est en fouillant dans toutes les archives qu'il a pu trouver que Francisco Javier González Echeverría a trouvé les preuves des origines juives de Servet.

Nulle surprise alors qu'il ait été si sensible à la question de la divinité du Christ et du regard que portaient à son époque Juifs et musulmans sur la Trinité chrétienne s'il se savait lui-même d'origine sémitique quand à la race et judaïque quand à la religion.

Actuellement le seul handicap du site « Michel Servet Recherche » est sa traduction en français d'assez piètre qualité mais bien utile à celui qui ne lit ni l'espagnol ni l'anglais.

Je n'en dit pas plus et vous laisse découvrir ce site si enrichissant et passionnant.


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