mardi 5 mai 2009

Oeuvres d'art et objets consacrés à Servet

On peut retrouver l'ensemble des œuvres picturales et sculptées sur le site de l'Institut Michel Servet : http://www.miguelservet.org/servetus/iconography.htm
ainsi que sur celui de la Servetus International Society : http://www.servetus.org/en/michael-servetus/image-gallery/iconography/index.htm



Capsule de bouteille de la collection "Personajes" réalisée pour "El cava de Aragon".

(collection de l'auteur du présent blog)




Buvard d'écolier antérieur à 1968, probablement commandé par le gouvernement et réalisé par André Lorulot, imprimeur-éditeur à Herblay (ex-département de Seine et Oise aujourd'hui Val d'Oise).

On y retrouve les portrait de Servet, Jean Jaurès et Jules Ferry.
Les textes invites l'écolier à s'instruire et à embrasser les valeurs de la république laïque tels que le respect de l'autre et la liberté de conscience.



Deux articles ont été consacrés à ce buvard sur les blogs de l'AFCU suite à mon envoi des documents scannés : http://actua.unitariennes.over-blog.com/article-15626647.html
http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-15625835.html

(collection de l'auteur du présent blog)





Caricature anti-calviniste. Ce triptyque anonyme est tout à fait semblable à la gravure hollandaise que donne Vincent Schmid dans son livre "Michel Servet - Du bûcher à la liberté de conscience". L'auteur m'a fait remarquer que ma planche semble être "un mélange d'éléments provenant de la gravure de 1566 et de l'arrière-plan de la gravure de Van Sichem (1609) représentant un portrait de Servet. Les personnages ( le bourreau et les syndics genevois sans doute...) devant le bûcher sont à peu près les mêmes. Mais c'est tout à fait typique des procédés de l'époque, ces gravures servant en quelque sorte de tracts...". "Ce tryptique est directement inspiré de la légende noire que Jérôme Bolsec a fabriqué dans sa "Vie de Calvin" pour se venger du réformateur. Bolsec, adversaire théologique de Calvin ( à propos de la double prédestination) , s'est vu intenter quelques années avant Servet un procès qui a failli lui coûter la vie. Il n'a dû son salut qu'à un bannissement sur les terres bernoises prononcé par un Petit Conseil alors hostile à Calvin. Quelques années après ces évènements, Bolsec, revenu au catholicisme, a écrit une fausse biographie à charge pour régler ses comptes et bien entendu, les adversaires de Calvin s'en sont emparé. Il est possible que cette gravure soit la première du genre. De fait, elle a été souvent recopiée (c'était un usage courant) et adaptée à des fins de propagande."

(collection de l'auteur du présent blog)


Carte postale signé Daniel Lines et édité par Carted en 1994.

Au verso de la carte on trouve ces mots :

« Michel Servet (1509?-1553)
Antitrinitaire

Poursuivi par l'Inquisition romaine
Condamné à mort sur les
ordres de Calvin
Brûlé vif à Genève le 27 oc
tobre 1553 »


Voir l'article sur ce blog : http://libertedecroyance.blogspot.com/2009/05/hommage-michel-servet-par-daniel-lines.html

(collection de l'auteur du présent blog)





Premier jour d'émission du timbre espagnol à l'effigie de Michel Servet (1977) en deux versions.


(collection de l'auteur du présent blog)







lundi 4 mai 2009

Hommage à Michel Servet par Daniel Lines

Durant ses années de collège Daniel Lines, originaire du quartier de Champel à Genève, passait chaque jour devant le « monument expiatoire » qu'un comité composé de personnalités religieuses et officielles avait érigé en 1903.

Parvenu à l'adolescence Daniel Lines fut frappé par l'hypocrisie émanant des mots gravés sur le monument.

C'est ce qui l'a poussé il y a 25 ans à réaliser un collage à partir d'une carte postale du « Mur des réformateurs » (on reconnaît la statue de Calvin) et de fragments de tableaux surréalistes en signe de réaction à la morale calviniste étouffante qui a imprégnée le milieu culturel de son enfance.

Je le remercie vivement de m'avoir fait parvenir cette carte postale en édition originale et de m'avoir relaté ce qui l'avait poussé à composer cette oeuvre.

Cette carte a été éditée par Carted en 1994.

On peut la retrouver exposée sur le site de l'éditeur à cette adresse : http://www.carted.eu/cartes/j012/01209.htm

Au verso de la carte on trouve ces mots :

« Michel Servet (1509?-1553)
Antitrinitaire
Poursuivi par l'Inquisition romaine
Condamné à mort sur les ordres de Calvin
Brûlé vif à Genève le 27 oc
tobre 1553 »

Un grand merci à Pascal Pithois (webmaster de Carted.eu) qui m'a permis d'entrer en contact avec Daniel Lines.

A gauche, texte du « monument expiatoire » de Champel (Genève) : «Fils respectueux et reconnaissants de Calvin, notre grand réformateur, mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle et fermement attachés à la liberté de conscience selon les vrais principes de la Réformation et de l'Évangile, nous avons élevé ce monument expiatoire».

A droite, partie centrale du « mur des réformateurs » à Genève au Parc des Bastions (officiellement « Monument international de la Réformation ») composé de Guillaume Farel, Jean Calvin, Théodore de Bèze et John Knox.

vendredi 1 mai 2009

Quel panthéisme chez Michel servet ?

Durant son procès Michel Servet fut accusé de panthéisme, idée selon laquelle tout ce qui existe dans l'univers est une partie de Dieu.

Mais le Panthéisme de Servet est assez limité car il croyait en un Dieu personnel et transcendant, par opposition au système panthéiste proprement dit où tout ce qui est existe, non seulement par Dieu, mais en Dieu et où il n'est pas un être personnel distinct du monde, mais lui est immanent.

Il demeure donc théiste et n'est surtout pas naturaliste.

En fait Servet a simplement soutenu que puisque tout ce qui existe vient de Dieu, celui-ci l'a automatiquement tiré de lui-même, de sa « force » et que, puisque tout vient de Dieu, un peu de Dieu réside en toute chose.

C'est ce que laisse supposer la Bible, par exemple avec Isaïe 40:25-28, Genèse 1:7 ou encore Genèse 1:2 où le mot hébreu « werouaḥ » (venant de « rouaḥ ») se traduit par « esprit », mais aussi par « vent » et par d’autres mots qui désignent une force agissante invisible.

Cela tranchait quelque peu avec l'enseignement des théologiens depuis St Augustin qui se contentaient d'enseigner que Dieu a créé l'univers à partir du néant.

Je vous propose de lire ci-apès ce qu'ont écrit Pierre Domeyne, Georges Haldas et Roland Bainton à propos du « panthéisme » de Michel Servet.


Pierre Domeyne – Michel servet : Au risque de se perdre


Sur le supposé panthéisme de Servet, Calvin se déchaîne comme il le racontera plus tard à propos de l'affirmation de Servet selon laquelle toutes les créatures sont de la substance même de Dieu, et qu'ainsi toutes choses sont pleines de Dieu. Voici un extrait de l'échange :

Calvin : Quoi, misérable, alors, chaque fois que l'on foule un plancher, faudrait-il dire que l'on foule aussi son Dieu ? Ne rougis-tu pas d'une telle absurdité ?

Servet : Mais oui, et je ne doute pas que ce banc que voici, et tout ce que tu pourrais me montrer ne soit de la substance de Dieu.

Calvin : Le démon serait donc Dieu par sa substance ?

Servet : En douteriez-vous par hasard, c 'est bien là mon principe fondamental, que toutes choses sont partie et portion de Dieu et que la nature des choses est substantiellement l'esprit de Dieu, (Calvin note ici que Servet eut un petit rire...)

Dans cet échange, Servet réplique avec un humour subtil dans le raisonnement poussé à l'absurde et un redoutable sens de la dialectique. Voici un propos de l'Espagnol toujours rapporté par Calvin qui a au moins le mérite de citer les réponses de Servet pouvant se retourner contre lui :

Vous avez dit que quand vous remuez le pied, vous ne vous mouvez pas en Dieu. C'est donc que vous vous mouvez dans le Diable. Mais nous nous mouvons et vivons en Dieu, dans qui nous vivons. Même si vous êtes un aveugle démon, vous n 'en êtes pas moins soutenus par Dieu.


Chapitre V. Pages 98 et 99. Extrait présenté avec l'autorisation de l'auteur.

Edition L'Harmattan (Paris) 2008 – ISBN : 978-2-296-05942-9 – Prix indicatif : 17 €

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=26663



Georges Haldas – Passion et mort de Michel Servet


Pour l'inspiration panthéiste, enfin, de Servet :

35° Que l'air est l'esprit de Dieu, et que Dieu est nommé Esprit pour ce qu'il vivifie toutes choses par son esprit d'air.

Répond Servet : qu'il ne se souvient pas de l'avoir ainsi écrit. Toutefois qu'il confesse bien que l'air est appelé esprit, et que Dieu est esprit, tant par son essence que pour ce qu'il inspire par l'air et vivifie.


...


PANTHEISME

Si vous en excluez l'idée de Dieu, aucune chose ne peut plus porter le nom de pierre, d'or, de chair, d'âme de l'homme, d'homme, puisque c'est l'idée de Dieu qui crée l'existence spécifique et individuelle des choses. Dieu essentialise les essences. Il confère l'essence aux esprits célestes. C'est de lui que dérive la lignée des essences divines qui, à leur tour, infusent Son essence dans les autres êtres. Dieu lui-même est en eux et la lumière de sa parole s'irradie en eux. Il soutient toute chose en leur essence, de sorte que toute créature qui n'a pas Son soutien est réduite au néant. Puisqu'il contient en lui-même les essences de toutes choses, il se montre à nous dans la réalité du feu, de la pierre, d'une baguette, d'une fleur, etc. Il n'en est pas altéré, mais c'est une pierre qui est perçue en Dieu. Est-ce une vraie pierre ? Oui, car Dieu dans le bois est bois, et dans la pierre est pierre; et ayant en lui-même la forme de la pierre, la substance de la pierre, je considère que c'est donc être effectivement pierre, en ayant l'essence et la forme, bien que n'en comportant pas la matière. (Extrait de la Christianismi restitutio - ndlr)


Chapitre III. Pages 80 et 239.

Edition L'Age d'Homme (Lausane) 1975 – ISBN : 2-8251-2937-2 – Prix indicatif : 24 €

http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=2-8251-2937-2&type=22&code_lg=lg_fr&num=91&pag=8


Roland H. Bainton – Michel servet – Hérétique et Martyr - 1553-1953


Pour ce qui est des points de doctrine, Calvin rapporte ainsi la discussion sur le panthéisme :

Quand il affirme que toutes les créatures sont de la substance même de Dieu, et qu'ainsi toutes choses sont pleines de Dieu (car il n'eut pas honte d'exprimer ainsi sa pensée, par écrit et oralement), je m'indignai, blessé au vif: « Quoi, misérable 1 Alors chaque fois que l'on foule un plancher, faudrait-il dire que l'on foule aussi son Dieu? Ne rougis-tu pas d'une telle absurdité ?» — « Mais oui, répondit-il, et je ne doute pas que ce banc que voici, et tout ce que tu pourrais me montrer ne soit de la substance de Dieu ». Et quand je lui eus objecté de nou­veau: « Le démon serait donc Dieu par sa substance? », il répondit avec un petit rire: « En douteriez-vous par hasard? C'est bien là mon principe fondamental, que toutes choses sont partie et portion de Dieu et que la nature des choses est substantiellement l'esprit de Dieu »la.

Servet commenta cette discussion de la façon suivante:

Vous avez dit que quand vous remuez le pied, vous ne vous mouvez pas en Dieu. C'est donc que vous vous mouvez dans le Diable. Mais nous nous mouvons et vivons en Dieu, dans qui nous vivons. Même si vous êtes un aveugle démon, vous n'en êtes pas moins soutenus par Dieu.


Edition Droz (Genève) 1953 – ISBN : 978-2-600-03204-9
ISSN : 0082-6081 – Prix indicatif : 25 $

non réédité en français mais disponible en anglais à cette adresse : http://www.amazon.com/Hunted-Heretic-Michael-Servetus-1511-1553/dp/0972501738/ref=pd_sim_b_1